*** L'insoutenable malédiction du Crypt Maudit ***
Pour une fois, j'ai trouvé un flipper près de chez moi. J'avais plutôt l'habitude de courir la France pour dénicher des trucs, mais là, à quelques kilomètres, dans la Touraine profonde il attendait son heure.
Il habitait paisiblement dans une vaste grange du XVIIIe. Ses propriétaires, un couple de "chineurs" pas du tout experts en flipper. Pour la vente, ils avaient investi 400€ auprès d'un professionnel local dont je tairai le nom, qui avait soi-disant "nettoyé" le plateau, révisé l’électronique, changé quelques ampoules sans doute…
Cette grange au trésor m'accueillait donc. Les proprios avaient ouvert les deux énormes portes du bâtiment qui donnait sur un petit jardin, lui même séparé de la route par un portail monumental. Le cadre, l'ambiance, l'accueil sont toujours primordiaux pour moi quand j'achète un flip. Je trouve que cela charge la machine d'une histoire, d'un vécu, on s'y attache plus.
Le Crypt trônait au beau milieu de la grange, tourné vers l'intérieur. Il avait été disposé là pour la vente, car clairement ce n'était pas naturel. Il partageait l'espace avec des vieilleries, distributeurs, machines inconnues, vieilles voitures, armes diverses, outils, matériel agricole. Disposé et accessible certes, mais pourquoi l'avoir tourné dos à la porte, en contre-jour ? Sans doute pour ne pas voir son état piteux.
En piteux état il l'était : cibles manquantes, lumières foireuses, carte son en mode DOS (reboot). J'ai vu pire, mais j'ai vu mieux. C'était mon premier contact avec un Data East et je convoitais ce modèle depuis longtemps. Pas question pour moi de le laisser filer malgré son état ! Jusque là rien de bien anormal…
Tout en discutant avec les vendeurs, j'étais sans cesse attiré par le décors. Un bâtiment agricole en plein centre d'un village séculaire, sur la levée de Loire (pour ceux qui connaissent). Je remarquais la beauté de la charpente, refaite à neuf : Un vrai travail de compagnon, du bel ouvrage. Par curiosité j'amène la conversation sur le bâtiment, le potentiel d'un tel espace, la qualité de la charpente, le cadre etc.
Les proprios se ferment
« Moui la charpente… refaite… Tout a brûlé il y a 5 ans »
Moi, positif :
« super espace, il y a de quoi faire deux niveaux, une partie logement, un bel atelier etc…»
La femme qui était restée silencieuse :
« généralement, on ne s'attarde pas trop dans la grange, elle est habitée…»
Moi, toujours en mode sympa, je fais mine de regarder dans le flipper :
« j’espère que je ne vais pas en emporter chez moi 
». Dans mon esprit, je pense aux rats, belettes, loirs et autres bestioles qui aiment ce genre d’espace. Mais attendez un peu…
« habitée ? habitée comment vous voulez dire ? » 
L’homme :
« ben par des esprits »
moi, un peu blême (oui je suis très émotif) :
« ah… OK… euh… des esprits de quel genre ? » 
« Du genre agressif. Si vous les dérangez ils frappent et vous agressent. J’ai un copain à moi qui a été soulevé de terre et projeté… On évite de faire des travaux, du bruit dans la grange. On joue pas non plus au flipper pour pas les déranger car après ils nous empêchent de dormir… Avec nous ça va ils sont assez bienveillants, mais pour les étrangers, faut faire gaffe. On a fait venir des spécialistes qui ont constaté le truc aussi… »
Ce qui m’a le plus frappé dans le récit de ces gens, c’est qu’ils vivaient ça comme une normalité (j’ose dire une fatalité). Ils ont découvert le phénomène en achetant la maison et sa grange, constaté les problèmes et doivent vivre avec. Si je n’avais pas parlé de la grange, il n’auraient pas évoqué le problème.
J’ai longuement réfléchi après coup à cette histoire. Avaient-ils un intérêt à me raconter tout ça ? Pour rendre le flipper plus « spécial » ? Pour me dissuader de quelque chose ? Ils ne pouvaient pas savoir que je porte un intérêt à ces questions paranormales. Je ne suis pas croyant, loin de là, mais curieux de tout. J’ai hésité à prendre le flipper : Pouvait-il être « chargé » de mauvaises choses ? Est-ce que j’allais ramener à la maison des esprits (mauvais ?). Je n’ai jamais pu témoigner d’un phénomène direct, mais je reste vigilant. Ma femme, qui a longtemps vécu en Afrique noire, en brousse qui plus est, a vu assez de trucs bizarres pour se méfier. Quand elle a vu la machine, elle était pas fan (WAF au mini à cet instant), elle avait un mauvais ressenti… ceci avant que je lui raconte l’histoire !
Sur l’achat du flipper lui-même, j’étais assez content en repartant chez moi. Pas un bijou, pas une épave, du travail à faire dessus, une marque de flipper à découvrir… la routine si j’ose dire.
La suite vous la connaissez.
Je souhaite l’échanger contre un No Good Gofers avec des gaufres zombies
